Jacques Villon

« La peinture, c’est pas compliqué, ce ne sont que les 50 premières années qui sont dures. »

Solitaire et indépendant, Jacques Villon s’isole du foisonnement de Montmartre et s’installe à Puteaux pour trouver calme et sérénité. D’autres peintres le suivront. L’artiste jouera un rôle central dans le mouvement de l’Avant-Garde. Villon sera à l’origine de l’école de Puteaux et restera sa clef de voûte pendant 40 ans.

Issu d’une famille d’artistes, influencé par Degas et Toulouse-Lautrec, Jacques Villon participe aux mouvements fauviste, cubiste et abstrait. Son talent d’association donne naissance à des œuvres aux couleurs pures et à l’équilibre harmonieux dont émane une puissance fulgurante. Le peintre sera reconnu dans le monde entier pour ses réalisations qui symbolisent le lien entre les divers courants picturaux de l’avant-garde.

Itinéraire d’un artiste inspiré

Né en 1875 dans l’Eure, Jacques Villon, de son vrai nom Gaston Duchamp, est le deuxième fils d’une famille de six enfants. Dès l’âge de 16 ans, il réalise ses premières gravures chez son grand-père maternel, le graveur émile Nicolle. L’artiste a choisi de se distinguer de ses frères, tous peintres et sculpteurs, en se baptisant Jacques Villon, en hommage au poète du Moyen-Âge François Villon.

En 1894, Villon part s’installer à Montmartre et se laisse emporter par l’essor artistique parisien. Pendant dix ans, il travaille dans les arts graphiques et dessine pour des journaux parisiens comme l’Assiette au beurre, le Chat noir ou le Courrier français. En 1903, il a son premier contact avec le Salon d’Automne où il participe à l’organisation de la section dessin. Après avoir étudié l’art à l’Académie Julian, il s’imprègne du Fauvisme et du Cubisme et adhère au mouvement abstrait.

L’euphorie de Montmartre commence à le lasser. Pour trouver le calme qu’il recherche, il jette son dévolu sur Puteaux et voue son temps à peindre à la pointe sèche. Avec cette technique, il réalise des estampes aux lignes foncées et soyeuses qui jouent sur les contrastes du blanc du papier, représentant des scènes typiques du début du siècle.

Puteaux, capital de l’abstrait

Avec ses frères, Raymond et Marcel, il organise des groupes de discussions dans son atelier putéolien. Dès 1911, artistes et critiques s’y donnent rendez-vous. Ainsi, Picabia, Léger, Metzinger, Kupka ou Apollinaire se rendent dans notre ville, nouveau carrefour de l’art abstrait.

L’école de Puteaux est née !

En 1912, Villon organise une importante exposition de l’école de Puteaux sous le nom de la Section d’Or, qui réunit deux cents œuvres abstraites à la galerie La Boétie. Avec cette exposition, Villon rassemble les trente plus importants artistes du début du Cubisme. Cet événement fut controversé, surtout dans la presse. Les peintres avaient déjà atteint le cubisme pur en développant la déformation constructive : une vision du monde tout à fait conceptuelle qui donne naissance à l’abstrait.

Un an après, Villon livre ses chefs d’œuvres cubistes : sept pointes sèches monumentales « où les formes se cassent en plans pyramidaux obscurcis ». New York est fascinée par cette nouvelle forme d’expression et l’invite à exposer au fameux Armory Show. Ainsi, Villon introduit l’art moderne aux Etats-Unis. Ses œuvres connaissent un succès phénoménal. Dans les années 30, sa notoriété est plus importante aux Etats-Unis qu’en Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, Villon rencontre le marchand d’art Louis Carré et participe à de nombreuses expositions dans le monde. à partir de cette époque, Villon ne cesse de travailler et multiplie les expositions et les prix jusqu’à sa mort, en 1963, à Puteaux.